Né en 1867, à Parme, Arturo Toscanini fut l'un des chefs les plus importants de la première moitié du XX ème siècle. Egal de Wilhelm Furtwängler - son contemporain-, ayant des idées musicales diamétralement opposées, il incarne la figure du commandeur au regard tranchant, à la battue mordante, acérée, vive. Scrupuleux, il entend respecter les indications des compositeurs. Poigne d'acier, il dirige en maître voire en tyran. Mais à l'idéal artistique implacable, correspondant aussi une exigence morale et humaine qui s'exprimera contre le fascisme. Si la musique est un combat, demandant l'implication de toute les forces vitales de l'être qui la sert, Arturo Toscanini en est l'ambassadeur: un musicien intransigeant cherchant la perfection dans ce monde.
Verdi, Puccini, Wagner
A 19 ans, loin de son Italie natale, à Rio de Janeiro, Toscanini alors violoncelliste, remplace le chef prévu et dirige par coeur Aïda de Verdi. Déjà maître de la direction, doué d'une vaste culture musicale, le jeune musicien recherche un poste de directeur musical. Depuis 1885, il a son diplôme en poche, obtenu au Conservatoire de sa ville natale, Gênes. Ambition presque réalisée lorsqu'en 1887, à 20 ans, il participe comme second violoncelliste dans l'orchestre de la Scala à la création d'Otello de Giuseppe Verdi. Cette expérience décisive renforce son amour pour le théâtre verdien.
Le jeune chef milite énergiquement pour la scène lyrique contemporaine, en particulier les véristes. Il crée ainsi Edmea de Catalani (Turin, 1887), Paillasse de Leoncavallo (Milan, 1892), La Bohême de Puccini (Turin, 1896). Entre temps sa nouvelle stature de directeur musical s'est imposée naturellement. Turin sera sa première "tribune": il doit y constituer l'orchestre du Teatro Regio et concevoir la programmation musicale. Il créera ainsi, les Quatre Pièces Sacrées de Verdi (1897) et dirige dès 1895, son autre "dieu", Richard Wagner, dont Le Crépuscule des dieux en première audition italienne, en 1895.
Milan, 1898
A 31 ans, le fougueux directeur musical prend les rennes de La Scala. Insatiable, conquérant de la perfection et de l'audace, entraînant sans faiblir les musiciens de l'orchestre derrière lui, à son rythme, Toscanini élargit le répertoire et dirige Pelléas, Eugène Onéguine, La Damnation de Faust, à nouveau, Le Crépuscule des dieux, Euryanthe... Mais lassé par d'incessants obstacles dans la quête de ce qu'il s'est fixé comme un idéal, le musicien s'éloigne de Milan à partir de 1903: il part en tournée avec l'Orchestre de Turin, un ensemble qu'il a façonné et qui est donc plus malléable à sa conception musicale.
New York, 1908-1915
A 41 ans, Toscanini traverse l'Océan Atlantique et rejoint le Metropolitan Opera. Malgré les lourdeurs administratives et l'apathie confortable de certains chanteurs dont Caruso ou Farrar, le maestro parmesan n'hésite pas là encore à bousculer les habitudes. Il y crée La fille du Far West de Puccini (1910) et aussi, en première américaine, Boris Godounov de Moussorsgki. L'épopée outre-atlantique aura duré sept ans.
Intraitable avec les nazis
En Italie pendant la guerre, Toscanini donne de nombreux concerts pour soutenir l'esprit des troupes (1915). De nouveau, La Scala le réclame en 1920: il y réorganise orchestre et choeur. Son énergie paraît illimitée. Sa force de travail et la pertinence de ses vues forcent l'admiration de tous ses contemporains. Au moment du fascisme naissant, ses racines républicaines (son père fut partisan de Garibaldi) se renforcent. Toscanini refuse de jouer l'hymne mussolinien à la création de Turandot de Puccini en 1926. En 1930 et 1931, il est l'invité du Festival de Bayreuth où il dirige Tannhäuser, Tristan et Parsifal. Entre 1934 et 1937, Toscanini réalise un voeu pieu: il dirige aussi au festival de Salzbourg, Falstaff, Fidelio, Les maîtres chanteurs, La flûte enchantée...
Les années 1930 représentent l'aboutissement du "son" Toscanini, la réalisation d'un idéal très élevé et qu'il n'a cessé de suivre quoi qu'il en coûte. L'année 1935 regroupe plusieurs concerts retentissants de ce point de vue, imposant sa baguette et la carrure de l'homme: Missa Solemnis de Beethoven (New York, avril), Fidelio et Falstaff (Festival de Salzbourg à l'été)... Auditeur de sa Lucia di Lammermoor puis de son Falstaff à la Scala, de son Tannhäuser à Bayreuth, le jeune Karajan est bouleversé, saisi par la puissance rythmique et le souffle lyrique des phrasés. Le sens de la construction insuffle à chacune de ses lectures, magnétisme expressif et grandeur spirituelle. Mais ce que nous ne mesurons pas suffisamment dans les enregistrements disponibles, c'est le travail de la texture et la sonorité des orchestres de Toscanini, qui d'après les témoignages des spectateurs et des auditeurs contemporains, suscitaient un égal enthousiasme.
Aux côtés de Verdi, Wagner, Toscanini a abondamment "servi" Debussy dont grâce à la sonorité qu'il obtenait, il jouait comme personne La Mer. Le compositeur ébloui par l'interprétation du chef, accepta de modifier quelques passages selon les suggestions de son contemporain. Ajoutons qu'entre 1935 et 1938, il enregistre à Londres avec l'Orchestre symphonique de la BBC, de nombreuses gravures demeurées légendaires.
Ses positions politiques seront nettes et sans complaisance vis-à-vis des fascistes. Il cesse toute participation à Bayreuth en 1933 quand Hitler prend le pouvoir, et après l'Anschluss (1938), il refuse de jouer à Salzbourg.
Retour aux USA
A New-York, en 1933, sa fille Wanda est longuement courtisée par Vladimir Horowitz. Leur mariage est célébré le 21 décembre... à Milan. La chaîne NBC met à sa disposition, à New York, un orchestre symphonique qu'il dirigera entre 1937 et 1954. C'est à cette époque et avec cette phalange dont il dispose à son gré que Toscanini, dans le studio 8-H, réalisera bon nombre de ses enregistrements officiels pour la firme RCA. Les bandes de l'époque montrent avec volonté et exigence, comment le chef menait son orchestre, invectivant parfois violemment ses musiciens. Au nom de sa conception des oeuvres, il désirait ardemment un retour aux sources, dans le respect de la structure rythmique, pour l'intensité poétique des partitions, exigeant de ses troupes comme de lui-même. Scrupuleux des indications ou didascalies de l'auteur, Toscanini, apôtre de l'orthodoxie, s'inscrit dans la lignée des chefs tels Mendelssohn, puis Strauss, Busch, Krips, Szell... En cela, il s'écartait des conceptions de Berlioz, Wagner ou Liszt.
De retour dans l'Italie libérée, le chef dirige à La Scala et à La Fenice, rénovées. Il succombe dans son appartement new-yorkais de Riverdale, le 16 janvier 1957.
Je vous invite à comparer l'exécution qui suit de la 5ème symphonie de Beethoven avec celle de Karajan que nous avons publiée ici même et que vous pourrez retrouver sur le blog. Tiens vous direz-vous peut-être en écoutant le début mais ces silences entre les accords je ne me souviens pas les avoir notés dans la version Karajan pourtant ici ils prennent toute leur importance.... pour votre information ces silences.... sont dans la partition.
partie 1
http://www.youtube.com/watch?v=N6K_IuBsRM4&fmt=18
partie 2
http://www.youtube.com/watch?v=ijiHzheK4GQ&fmt=18
partie 3
http://www.youtube.com/watch?v=9Mt7NIPFgQk&fmt=18
partie 4
http://www.youtube.com/watch?v=-mZ4_aWfH7s&fmt=18
Verdi, Puccini, Wagner
A 19 ans, loin de son Italie natale, à Rio de Janeiro, Toscanini alors violoncelliste, remplace le chef prévu et dirige par coeur Aïda de Verdi. Déjà maître de la direction, doué d'une vaste culture musicale, le jeune musicien recherche un poste de directeur musical. Depuis 1885, il a son diplôme en poche, obtenu au Conservatoire de sa ville natale, Gênes. Ambition presque réalisée lorsqu'en 1887, à 20 ans, il participe comme second violoncelliste dans l'orchestre de la Scala à la création d'Otello de Giuseppe Verdi. Cette expérience décisive renforce son amour pour le théâtre verdien.
Le jeune chef milite énergiquement pour la scène lyrique contemporaine, en particulier les véristes. Il crée ainsi Edmea de Catalani (Turin, 1887), Paillasse de Leoncavallo (Milan, 1892), La Bohême de Puccini (Turin, 1896). Entre temps sa nouvelle stature de directeur musical s'est imposée naturellement. Turin sera sa première "tribune": il doit y constituer l'orchestre du Teatro Regio et concevoir la programmation musicale. Il créera ainsi, les Quatre Pièces Sacrées de Verdi (1897) et dirige dès 1895, son autre "dieu", Richard Wagner, dont Le Crépuscule des dieux en première audition italienne, en 1895.
Milan, 1898
A 31 ans, le fougueux directeur musical prend les rennes de La Scala. Insatiable, conquérant de la perfection et de l'audace, entraînant sans faiblir les musiciens de l'orchestre derrière lui, à son rythme, Toscanini élargit le répertoire et dirige Pelléas, Eugène Onéguine, La Damnation de Faust, à nouveau, Le Crépuscule des dieux, Euryanthe... Mais lassé par d'incessants obstacles dans la quête de ce qu'il s'est fixé comme un idéal, le musicien s'éloigne de Milan à partir de 1903: il part en tournée avec l'Orchestre de Turin, un ensemble qu'il a façonné et qui est donc plus malléable à sa conception musicale.
New York, 1908-1915
A 41 ans, Toscanini traverse l'Océan Atlantique et rejoint le Metropolitan Opera. Malgré les lourdeurs administratives et l'apathie confortable de certains chanteurs dont Caruso ou Farrar, le maestro parmesan n'hésite pas là encore à bousculer les habitudes. Il y crée La fille du Far West de Puccini (1910) et aussi, en première américaine, Boris Godounov de Moussorsgki. L'épopée outre-atlantique aura duré sept ans.
Intraitable avec les nazis
En Italie pendant la guerre, Toscanini donne de nombreux concerts pour soutenir l'esprit des troupes (1915). De nouveau, La Scala le réclame en 1920: il y réorganise orchestre et choeur. Son énergie paraît illimitée. Sa force de travail et la pertinence de ses vues forcent l'admiration de tous ses contemporains. Au moment du fascisme naissant, ses racines républicaines (son père fut partisan de Garibaldi) se renforcent. Toscanini refuse de jouer l'hymne mussolinien à la création de Turandot de Puccini en 1926. En 1930 et 1931, il est l'invité du Festival de Bayreuth où il dirige Tannhäuser, Tristan et Parsifal. Entre 1934 et 1937, Toscanini réalise un voeu pieu: il dirige aussi au festival de Salzbourg, Falstaff, Fidelio, Les maîtres chanteurs, La flûte enchantée...
Les années 1930 représentent l'aboutissement du "son" Toscanini, la réalisation d'un idéal très élevé et qu'il n'a cessé de suivre quoi qu'il en coûte. L'année 1935 regroupe plusieurs concerts retentissants de ce point de vue, imposant sa baguette et la carrure de l'homme: Missa Solemnis de Beethoven (New York, avril), Fidelio et Falstaff (Festival de Salzbourg à l'été)... Auditeur de sa Lucia di Lammermoor puis de son Falstaff à la Scala, de son Tannhäuser à Bayreuth, le jeune Karajan est bouleversé, saisi par la puissance rythmique et le souffle lyrique des phrasés. Le sens de la construction insuffle à chacune de ses lectures, magnétisme expressif et grandeur spirituelle. Mais ce que nous ne mesurons pas suffisamment dans les enregistrements disponibles, c'est le travail de la texture et la sonorité des orchestres de Toscanini, qui d'après les témoignages des spectateurs et des auditeurs contemporains, suscitaient un égal enthousiasme.
Aux côtés de Verdi, Wagner, Toscanini a abondamment "servi" Debussy dont grâce à la sonorité qu'il obtenait, il jouait comme personne La Mer. Le compositeur ébloui par l'interprétation du chef, accepta de modifier quelques passages selon les suggestions de son contemporain. Ajoutons qu'entre 1935 et 1938, il enregistre à Londres avec l'Orchestre symphonique de la BBC, de nombreuses gravures demeurées légendaires.
Ses positions politiques seront nettes et sans complaisance vis-à-vis des fascistes. Il cesse toute participation à Bayreuth en 1933 quand Hitler prend le pouvoir, et après l'Anschluss (1938), il refuse de jouer à Salzbourg.
Retour aux USA
A New-York, en 1933, sa fille Wanda est longuement courtisée par Vladimir Horowitz. Leur mariage est célébré le 21 décembre... à Milan. La chaîne NBC met à sa disposition, à New York, un orchestre symphonique qu'il dirigera entre 1937 et 1954. C'est à cette époque et avec cette phalange dont il dispose à son gré que Toscanini, dans le studio 8-H, réalisera bon nombre de ses enregistrements officiels pour la firme RCA. Les bandes de l'époque montrent avec volonté et exigence, comment le chef menait son orchestre, invectivant parfois violemment ses musiciens. Au nom de sa conception des oeuvres, il désirait ardemment un retour aux sources, dans le respect de la structure rythmique, pour l'intensité poétique des partitions, exigeant de ses troupes comme de lui-même. Scrupuleux des indications ou didascalies de l'auteur, Toscanini, apôtre de l'orthodoxie, s'inscrit dans la lignée des chefs tels Mendelssohn, puis Strauss, Busch, Krips, Szell... En cela, il s'écartait des conceptions de Berlioz, Wagner ou Liszt.
De retour dans l'Italie libérée, le chef dirige à La Scala et à La Fenice, rénovées. Il succombe dans son appartement new-yorkais de Riverdale, le 16 janvier 1957.
Je vous invite à comparer l'exécution qui suit de la 5ème symphonie de Beethoven avec celle de Karajan que nous avons publiée ici même et que vous pourrez retrouver sur le blog. Tiens vous direz-vous peut-être en écoutant le début mais ces silences entre les accords je ne me souviens pas les avoir notés dans la version Karajan pourtant ici ils prennent toute leur importance.... pour votre information ces silences.... sont dans la partition.
partie 1
http://www.youtube.com/watch?v=N6K_IuBsRM4&fmt=18
partie 2
http://www.youtube.com/watch?v=ijiHzheK4GQ&fmt=18
partie 3
http://www.youtube.com/watch?v=9Mt7NIPFgQk&fmt=18
partie 4
http://www.youtube.com/watch?v=-mZ4_aWfH7s&fmt=18
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