lundi 21 juin 2010

Le trio à l'Archiduc de Beethoven

Le Trio pour piano, violon et violoncelle n° 7 en si bémol majeur, opus 97, de Ludwig van Beethoven a été composé en 1811 et publié en 1816 avec une dédicace à l'archiduc Rodolphe d'Autriche, d'où son appellation courante de Trio à l'Archiduc. Celui-ci était le plus jeune fils de l'empereur Léopold II d'Autriche. Il fut l'élève de Beethoven dont il resta un ami et protecteur fidèle, l'invitant notamment à rester à Vienne en 1809 alors que le compositeur envisageait de partir à la cour de Westphalie.
Le Trio à l'Archiduc est le plus célèbre des trios de Beethoven. Sa composition, postérieure de deux ans à celle du Trio n° 6 opus 70, fut contemporaine de celle de la Septième symphonie. Il a été écrit en moins d'un mois, en mars 1811. Sa création le 11 avril 1814, avec Schuppanzigh au violon, donna lieu à l'une des dernières apparitions publiques de Beethoven comme interprète (au piano), alors que sa surdité était presque totale.
Les thèmes initiaux des deux premiers mouvements sont très proches de ceux déjà utilisés par Beethoven dans les mouvements correspondants de son Septième Quatuor opus 59 n° 1. Il comporte quatre mouvements:
1. Allegro moderato, 2. Scherzo (Allegro) & Trio, 3. Andante cantabile, 4. Allegro moderato.
Voici ce trio dans une formation historique puisqu'elle réunit trois interprètes de légende: Alfred Cortot au piano, Jacques Thibaud au violon et Pablo Casals au violoncelle.
partie 1
http://www.youtube.com/watch?v=8zOw_flPYNE&feature=related&fmt=18
partie 2
http://www.youtube.com/watch?v=nOwvI3ZwNdU&feature=related&fmt=18
partie 3
http://www.youtube.com/watch?v=N49m2R7itjM&feature=related&fmt=18
partie 4
http://www.youtube.com/watch?v=ycT0M1ppmi8&feature=related&fmt=18

mercredi 16 juin 2010

La Sonnambula de Vincenzo Bellini

La sonnambula (La Somnambule en français) est un opéra en deux actes mis en musique par Vincenzo Bellini sur un livret de Felice Romani. Créée au Teatro Carcano de Milan le 6 mars 1831. Il est considéré, avec Les Puritains et Norma, comme l’un des trois chefs-d’œuvre du compositeur.

Acte I
Premier tableau : le village. Au fond du théâtre, se dresse le moulin de Teresa.
On fête les noces d'Elvino et Amina (Care compagne...Sovra il sen), une orpheline élevée par Teresa (Prendi l'anel ti dono). La seule à être mécontente est l'aubergiste Lisa, elle est elle aussi amoureuse du jeune rentier et refuse les avances d'Alessio, un autre jeune du village.
Arrive un gentilhomme qui semble bien connaître les lieux mais que personne parmi les villageois ne reconnaît. Il s'agit du comte Rodolfo, fils du défunt seigneur du château. Il s'installe à l'auberge de Lisa et adresse quelques compliments à Amina, lui disant que son visage lui rappelle celui d'une dame qu'il avait connue bien des années auparavant. Avant de le saluer, les villageois l'avertissent que le village est hanté par la sinistre présence d'un fantôme, mais l'homme, cultivé, prend leurs paroles pour de la pure superstition. Entretemps, les flatteries du comte ont excité la jalousie d'Elvino qui, resté seul avec elle, réprimande sa future épouse (Son geloso del zefiro errante)

Deuxième tableau : une chambre à l'auberge. De face, une fenêtre, sur un côté, la porte d'entrée ; de l'autre un cabinet de toilette ; on aperçoit un sofa et un guéridon.
Dans sa chambre, Rodolfo est occupé à courtiser Lisa. On entend des pas, elle s'enfuit précipitamment mais reconnaît Amina qui, en état de somnambulisme, se rend dans la chambre du comte. La somnambule s'adresse affectueusement au gentilhomme, comme s'il s'agissait de son futur époux, décrivant d'un air extasié la prochaine cérémonie de son mariage, et lui demande enfin de l'embrasser. Rodolfo ne sait que faire profiter de la situation, ou bien réveiller la somnambule ? Finalement, il quitte la chambre.
Quand un groupe de villageois surgit dans l'auberge pour saluer le comte dont ils ont finalement découvert l'identité, ils surprennent la jeune Amina étendue sur le divan. La confusion est à son comble. Elvino, bouleversé, rompt les fiançailles, pendant que la jeune fille se réveillant, inconsciente de ce qui est arrivé, ne peut trouver les mots pour se justifier (D'un pensiero e d'un accento).

Acte II

Premier tableau : une vallée ombragée entre le village et le château.
Pendant qu'un groupe de villageois se rend auprès du comte pour le convaincre de prendre la défense d'Amina, cette dernière espère trouver un peu de consolation et d'affection auprès de sa mère. Elle tombe sur Elvino. Celui-ci, déchiré par les événements, lui rappelle qu'elle a fait de lui le plus malheureux des hommes et lui arrache l'anneau de fiançailles.


Deuxième tableau : le village du premier acte.
En vain, le comte Rodolfo tente d'expliquer aux villageois ce qu'est le somnambulisme et de faire revenir Elvino sur sa position. Le jeune homme, par dépit, a décidé d'épouser l'aubergiste Lisa. Le village est donc à nouveau en liesse à l'idée d'une possible cérémonie nuptiale mais quand Lisa et Elvino passent devant le moulin de Teresa, celle-ci accuse Lisa d'avoir commis le même délit qu'Amina, en amenant comme preuve un mouchoir appartenant à l'aubergiste et trouvé dans la chambre du comte Rodolfo.
Elvino se sent à nouveau trahi quand, à la stupeur générale, on voit Amina marcher en état de somnambulisme sur la corniche du toit de la maison. C'est la preuve que le comte Rodolfo avait raison. Contemplant les fleurs fanées qu'Elvino lui avait données la veille, la somnambule chante son amour malheureux (Ah! non credea mirarti), écoutée par tous, et quand elle se réveille, elle peut finalement embrasser à nouveau son aimé. Le village, de nouveau en liesse, se prépare pour les noces tant espérées.

Notre grande soprano française Nathalie Dessay a chanté le rôle d'Amina au Metropolitan Opera de NewYork (DVD sorti en mars 2010) et à l'Opéra de Paris cette saison. Je ne suis pas personnellement un fan absolu de Nathalie Dessay mais je la trouve vraiment bien dans ce rôle sa voix s'accordant magnifiquement à la musique subtile, lunaire pourrait-on dire, de Bellini.
En voici donc quelques extraits par Nathalie Dessay:

Acte I Tableau I:Care compagne...Sovra il sen
http://www.youtube.com/watch?v=Mgy_8lcSDo8&fmt=18

Acte I Tableau I:Prendi l'anel ti dono
http://www.youtube.com/watch?v=G0DVSatYlNU&fmt=18

Acte I Tableau I: Son geloso del zefiro errante
http://www.youtube.com/watch?v=meVJ4lYISy0&fmt=18

Acte I tableau II: la scène du somnanbulisme
http://www.youtube.com/watch?v=WyQiPa9cuGA&fmt=18

Acte I tableau II:D'un pensiero e d'un accento
http://www.youtube.com/watch?v=1YjnrjYlid4&fmt=18

Acte I tableau II: Ah! non credea mirarti
http://www.youtube.com/watch?v=UFtKpO0eKIg&fmt=18
et à titre de comparaison la version de Maria Callas
http://www.youtube.com/watch?v=VRhBY0X4sv8&fmt=18


samedi 12 juin 2010

Horowitz joue Chopin

Vladimir Horowitz né à Kiev le 1er octobre 1903 et mort à New York le 5 novembre 1989, est un pianiste virtuose russe de renommée mondiale.
Pianiste mythique, "roi des pianistes", Vladimir Horowitz fut admiré pour la puissance de son jeu pianistique et pour ses multiples prouesses techniques, par le public comme par les pianistes professionnels Clara Haskil, qui le surnommait "Satan au clavier", Martha Argerich, Sviatoslav Richter, Arthur Rubinstein.
Il gagna la réputation de meilleur virtuose pour ses interprétations de Liszt, Chopin, Rachmaninov, Scriabine et Tchaïkovski. Soulignons aussi l'art d'Horowitz dans l'interprétation de la musique impressionniste (Liszt, Au bord d'une source par exemple, Wagner Isoldes Liebestod arrangée pour piano par Liszt, un des derniers enregistrements d'Horowitz) mais aussi de la musique moderne, il créa de nombreuses sonates de Kabalevski et de Prokofiev aux USA. Il fit aussi redécouvrir au monde musical des compositeurs tels que Clementi ou Scarlatti, en s'ingéniant à démontrer qu'ils furent des précurseurs du romantisme et de la musique de Beethoven.
Il mettait beaucoup de soin à composer ses récitals, et à choisir les quelques morceaux dignes d'être interprétés en concert ou en enregistrement. Comme conséquence, sa discographie est moins étendue qu'on aurait pu le souhaiter. Toutes ses interprétations étaient mûrement réfléchies.
"L'ouragan des steppes" déplaçait des foules pour chacun de ses concerts où les places étaient chères et réservées très longtemps à l'avance. Son très étroit et complice rapport au public était constitutif de son grand charisme. Cependant, ses rares concerts étaient très appréciés du fait qu'il y réalisait ses meilleures interprétations, surpassant de loin tous les enregistrements programmés en studio. Horowitz arrivait à des performances incroyables devant des milliers de personnes, prenant de grands risques pianistiques devant lesquels reculent la quasi-totalité des pianistes en public. Il était aussi le seul pianiste à faire ses concerts sur son propre piano.
Le voici dans une interprétation de la sonate n°2 op 35 en Si bémol mineur "funèbre" de Chopin donnée à la Maison Blanche pour le Président Carter:
http://fr.youtube.com/watch?v=OYG-Q-TlC8E&fmt=18

mardi 8 juin 2010

Arturo Toscanini

Né en 1867, à Parme, Arturo Toscanini fut l'un des chefs les plus importants de la première moitié du XX ème siècle. Egal de Wilhelm Furtwängler - son contemporain-, ayant des idées musicales diamétralement opposées, il incarne la figure du commandeur au regard tranchant, à la battue mordante, acérée, vive. Scrupuleux, il entend respecter les indications des compositeurs. Poigne d'acier, il dirige en maître voire en tyran. Mais à l'idéal artistique implacable, correspondant aussi une exigence morale et humaine qui s'exprimera contre le fascisme. Si la musique est un combat, demandant l'implication de toute les forces vitales de l'être qui la sert, Arturo Toscanini en est l'ambassadeur: un musicien intransigeant cherchant la perfection dans ce monde.

Verdi, Puccini, Wagner
A 19 ans, loin de son Italie natale, à Rio de Janeiro, Toscanini alors violoncelliste, remplace le chef prévu et dirige par coeur Aïda de Verdi. Déjà maître de la direction, doué d'une vaste culture musicale, le jeune musicien recherche un poste de directeur musical. Depuis 1885, il a son diplôme en poche, obtenu au Conservatoire de sa ville natale, Gênes. Ambition presque réalisée lorsqu'en 1887, à 20 ans, il participe comme second violoncelliste dans l'orchestre de la Scala à la création d'Otello de Giuseppe Verdi. Cette expérience décisive renforce son amour pour le théâtre verdien.
Le jeune chef milite énergiquement pour la scène lyrique contemporaine, en particulier les véristes. Il crée ainsi Edmea de Catalani (Turin, 1887), Paillasse de Leoncavallo (Milan, 1892), La Bohême de Puccini (Turin, 1896). Entre temps sa nouvelle stature de directeur musical s'est imposée naturellement. Turin sera sa première "tribune": il doit y constituer l'orchestre du Teatro Regio et concevoir la programmation musicale. Il créera ainsi, les Quatre Pièces Sacrées de Verdi (1897) et dirige dès 1895, son autre "dieu", Richard Wagner, dont Le Crépuscule des dieux en première audition italienne, en 1895.

Milan, 1898
A 31 ans, le fougueux directeur musical prend les rennes de La Scala. Insatiable, conquérant de la perfection et de l'audace, entraînant sans faiblir les musiciens de l'orchestre derrière lui, à son rythme, Toscanini élargit le répertoire et dirige Pelléas, Eugène Onéguine, La Damnation de Faust, à nouveau, Le Crépuscule des dieux, Euryanthe... Mais lassé par d'incessants obstacles dans la quête de ce qu'il s'est fixé comme un idéal, le musicien s'éloigne de Milan à partir de 1903: il part en tournée avec l'Orchestre de Turin, un ensemble qu'il a façonné et qui est donc plus malléable à sa conception musicale.

New York, 1908-1915
A 41 ans, Toscanini traverse l'Océan Atlantique et rejoint le Metropolitan Opera. Malgré les lourdeurs administratives et l'apathie confortable de certains chanteurs dont Caruso ou Farrar, le maestro parmesan n'hésite pas là encore à bousculer les habitudes. Il y crée La fille du Far West de Puccini (1910) et aussi, en première américaine, Boris Godounov de Moussorsgki. L'épopée outre-atlantique aura duré sept ans.

Intraitable avec les nazis
En Italie pendant la guerre, Toscanini donne de nombreux concerts pour soutenir l'esprit des troupes (1915). De nouveau, La Scala le réclame en 1920: il y réorganise orchestre et choeur. Son énergie paraît illimitée. Sa force de travail et la pertinence de ses vues forcent l'admiration de tous ses contemporains. Au moment du fascisme naissant, ses racines républicaines (son père fut partisan de Garibaldi) se renforcent. Toscanini refuse de jouer l'hymne mussolinien à la création de Turandot de Puccini en 1926. En 1930 et 1931, il est l'invité du Festival de Bayreuth où il dirige Tannhäuser, Tristan et Parsifal. Entre 1934 et 1937, Toscanini réalise un voeu pieu: il dirige aussi au festival de Salzbourg, Falstaff, Fidelio, Les maîtres chanteurs, La flûte enchantée...
Les années 1930 représentent l'aboutissement du "son" Toscanini, la réalisation d'un idéal très élevé et qu'il n'a cessé de suivre quoi qu'il en coûte. L'année 1935 regroupe plusieurs concerts retentissants de ce point de vue, imposant sa baguette et la carrure de l'homme: Missa Solemnis de Beethoven (New York, avril), Fidelio et Falstaff (Festival de Salzbourg à l'été)... Auditeur de sa Lucia di Lammermoor puis de son Falstaff à la Scala, de son Tannhäuser à Bayreuth, le jeune Karajan est bouleversé, saisi par la puissance rythmique et le souffle lyrique des phrasés. Le sens de la construction insuffle à chacune de ses lectures, magnétisme expressif et grandeur spirituelle. Mais ce que nous ne mesurons pas suffisamment dans les enregistrements disponibles, c'est le travail de la texture et la sonorité des orchestres de Toscanini, qui d'après les témoignages des spectateurs et des auditeurs contemporains, suscitaient un égal enthousiasme.
Aux côtés de Verdi, Wagner, Toscanini a abondamment "servi" Debussy dont grâce à la sonorité qu'il obtenait, il jouait comme personne La Mer. Le compositeur ébloui par l'interprétation du chef, accepta de modifier quelques passages selon les suggestions de son contemporain. Ajoutons qu'entre 1935 et 1938, il enregistre à Londres avec l'Orchestre symphonique de la BBC, de nombreuses gravures demeurées légendaires.
Ses positions politiques seront nettes et sans complaisance vis-à-vis des fascistes. Il cesse toute participation à Bayreuth en 1933 quand Hitler prend le pouvoir, et après l'Anschluss (1938), il refuse de jouer à Salzbourg.

Retour aux USA
A New-York, en 1933, sa fille Wanda est longuement courtisée par Vladimir Horowitz. Leur mariage est célébré le 21 décembre... à Milan. La chaîne NBC met à sa disposition, à New York, un orchestre symphonique qu'il dirigera entre 1937 et 1954. C'est à cette époque et avec cette phalange dont il dispose à son gré que Toscanini, dans le studio 8-H, réalisera bon nombre de ses enregistrements officiels pour la firme RCA. Les bandes de l'époque montrent avec volonté et exigence, comment le chef menait son orchestre, invectivant parfois violemment ses musiciens. Au nom de sa conception des oeuvres, il désirait ardemment un retour aux sources, dans le respect de la structure rythmique, pour l'intensité poétique des partitions, exigeant de ses troupes comme de lui-même. Scrupuleux des indications ou didascalies de l'auteur, Toscanini, apôtre de l'orthodoxie, s'inscrit dans la lignée des chefs tels Mendelssohn, puis Strauss, Busch, Krips, Szell... En cela, il s'écartait des conceptions de Berlioz, Wagner ou Liszt.
De retour dans l'Italie libérée, le chef dirige à La Scala et à La Fenice, rénovées. Il succombe dans son appartement new-yorkais de Riverdale, le 16 janvier 1957.

Je vous invite à comparer l'exécution qui suit de la 5ème symphonie de Beethoven avec celle de Karajan que nous avons publiée ici même et que vous pourrez retrouver sur le blog. Tiens vous direz-vous peut-être en écoutant le début mais ces silences entre les accords je ne me souviens pas les avoir notés dans la version Karajan pourtant ici ils prennent toute leur importance.... pour votre information ces silences.... sont dans la partition.
partie 1
http://www.youtube.com/watch?v=N6K_IuBsRM4&fmt=18
partie 2
http://www.youtube.com/watch?v=ijiHzheK4GQ&fmt=18
partie 3
http://www.youtube.com/watch?v=9Mt7NIPFgQk&fmt=18
partie 4
http://www.youtube.com/watch?v=-mZ4_aWfH7s&fmt=18

jeudi 3 juin 2010

Le chant Grégorien

Le chant grégorien est le chant liturgique officiel de l'Église catholique romaine. Il reste pratiqué régulièrement dans certaines églises et communautés religieuses, spécialement dans les cérémonies plus solennelles de la liturgie du rite romain.
Indépendamment de la liturgie, le chant grégorien est aujourd'hui apprécié pour sa qualité esthétique. C'est un genre musical qui appelle au calme, au recueillement, à la contemplation intérieure.
Le chant grégorien est habituellement interprété par un chœur (hommes ou femmes) ou par un soliste appelé chantre. Il est destiné à soutenir le texte liturgique en latin. Il doit se chanter a cappella, c'est-à-dire, sans accompagnement instrumental.
Le chant grégorien doit son nom au pape Grégoire le Grand (fin du VIe siècle) auquel il a été attribué par l'historiographie carolingienne.
Le répertoire grégorien apparaît dans la seconde moitié du VIIIe siècle, dans la région de la Moselle berceau de la puissance franque et notamment après la réforme de l'évêque Chrodegang de Metz, dans la juridiction de l'abbaye de Gorze. On l'appelle alors chant messin.
C'est d'abord en Angleterre, par l'envoi de missionnaires partis de Rome, puis et surtout à la demande de Pépin le Bref, de Charlemagne et de leurs successeurs, que le chant romain s'épanouit hors d'Italie.
Il s'est alors répandu pour répondre à la volonté d'unité et d'ordre du pouvoir politique et pour remplacer le chant gallican. La diffusion du chant grégorien, comme l'initiation de l' ordre romain dans son ensemble, servit donc avant tout à la mise en place du nouvel ordre politico-religieux chrétien voulue par le nouvel empereur d'Occident. L'Église en fut l'instrument autant que la bénéficiaire.
Le répertoire et les formes musicales que l'on appelle aujourd'hui grégoriens sont le résultat du mariage du chant romain, diffusé par le bouche à oreille, avec le chant et les répertoires locaux. Le chant grégorien médiéval est né de leur cohabitation prolongée pendant des siècles. Ces échanges d'influences expliquent l'apparition de familles musicales différentes et la survivance de particularités locales à l'intérieur même de la tradition grégorienne.
Plus tard, les grandes familles religieuses du Moyen Âge ont également donné naissance à leur propre tradition musicale grégorienne (chant grégorien cistercien, cartusien, dominicain, etc.)

Le chant grégorien est habituellement considéré comme le point de départ de la musique occidentale savante, appelée musique classique. Cependant, celui-ci n'est pas né ex nihilo : en effet, les modes, les échelles, les mélodies même, faisaient sans doute partie des traditions orales appartenant aux nombreux groupes sociaux établis sur l'ancien empire romain: traditions gréco-romaines, celtiques et plus précisément gallicane, judéo-chrétiennes, germaniques, etc. L'autorité religieuse a, en fait, défini une norme de musique acceptable dans le cadre de l'office divin, préservant la sainteté et la dignité de celui-ci, en favorisant la contemplation et en bannissant strictement tout débordement sensuel comme par exemple l'interdiction des altérations dièses et bémols (!).

Voici quelques exemples de chant Grégorien:
Beata Mater par Ensemble Discantus
http://fr.youtube.com/watch?v=SwGXS1GmhyQ&fmt=18
Dis Irae
http://www.youtube.com/watch?v=Ucbm2P6dnvU&fmt=18
Salve Regina
http://www.youtube.com/watch?v=xmaXyvn4AdQ&feature=channel_page&fmt=18
Verax est pater par Chant group Psallentes
http://fr.youtube.com/watch?v=053YfWsDse8&fmt=18